La vengeance des mères x Jim Fergus
La vengeance des mères, suite légitime de Mille femmes blanches, est le nouveau roman de Jim Fergus, auteur qui se passionne dès l’enfance pour la culture Cheyenne. Des années après, l’émotion reste intacte. Une justesse troublante qui nous plonge à nouveau dans une histoire pesante, confuse, parfois honteuse ; notre histoire. Fictive mais étayée par des éléments historiques indéniables, cette œuvre est une petite perle, à la hauteur du premier.
Cette nouvelle aventure démarre là ou celle de Mille femmes blanches s’est arrêtée. Alors que May, notre héroïne narratrice du premier opus, et la plupart de ses amies, ont perdu la vie au cours de l’attaque surprise du campement par l’armée ; le chef Little Wolf a fui la région avec les rescapés. Ce massacre est le point de départ d’une fuite en avant, de la lutte pour la survie et la conservation de la liberté.
On suit désormais l’histoire de ces femmes blanches intégrées à la société indienne à travers le récit des sœurs Kelly, les deux rouquines Irlandaises du premier tome au franc parlé caractéristique, mais également à travers le personnage de Molly, une grande blonde courageuse sortie de prison pour rejoindre tardivement le programme FBI (échanger mille femmes contre mille chevaux). Des styles différents qui détonnent clairement avec l’écriture du premier livre. Une bouffée d’air frais qui nous donne une nouvelle perspective et une analyse plus singulière des événements.
Comme pour le premier roman, l’auteur dresse des portraits de femmes fortes, authentiques et guerrières qui se battent pour leurs idéaux et pour protéger la mémoire des morts ainsi que le futur des vivants. De même, on retrouve l’amour de Jim Fergus pour le peuple indien. Défenseur de cette injustice criante qui entoure l’éradication progressive des peuplades indiennes d’Amérique, l’auteur s’est justement documenté sur les pratiques et les croyances de ces oubliés de l’histoire.
La guerre, au centre de ce deuxième roman, est décrite avec beaucoup de justesse, sans prendre injustement le parti des uns ou des autres. Une histoire pour la paix et la réconciliation, pour honorer et non pour détruire. Une belle dose d’humanité et d’espérance qui font du bien et qui traduisent d’une envie de raconter des faits à travers le prisme de la bonté. Le questionnement de la légitimation de la vengeance est également au cœur du roman. L’auteur nous montre que la vengeance n’est pas synonyme de justice et que les méchants ne se situent pas d’un seul côté de la barrière.
Une belle découverte estivale que je recommande grandement. Un voyage dans le temps au cœur d’une Amérique sauvage et farouche.
La vengeance des mères aux Éditions du Cherche midi – 2016