L’incolore × Haruki Murakami
« L’incolore Tsukuru Tazaki et ses années de pelerinage » est le titre du dernier roman d’Haruki Murakami, auteur reconnu notamment pour sa trilogie fantastique « 1Q84 » ou encore son œuvre initiatique « Kafka sur le rivage ». Plus réaliste et nostalgique, L’incolore Tsukuru Tazaki, nous livre le récit de vie poignant d’un japonais singulier en quête de son passé.
Tsukuru Tazaki fait partie d’un groupe d’amis depuis sa tendre jeunesse. A eux 5, ils sont comme les doigts d’une même main, indissociables. Constituée de Bleu, Rouge, Blanche et Noire, il est le seul de la bande dont le nom ne désigne pas une couleur.
Chacun de ses amis possède des traits et caractéristiques qui leurs sont propres. Bleu est robuste et sportif ; Blanche est belle et réservée. Noire, quant à elle, est une personne dévouée et charmante. Enfin, Rouge est serviable et travailleur. Par opposition, Tzukuru se demande souvent ce que ses amis peuvent bien lui trouver de beau ou de bon. Il manque cruellement de confiance en lui et se perçoit comme un individu sans personnalité ni saveur.
Un jour, alors que ce dernier revient à Nagoya (il fait ses études à Tokyo, contrairement à ses autres amis) pour le week-end, il se rend compte que quelque chose ne tourne pas rond. En effet, plus aucun de ses amis ne lui adresse la parole ou ne daigne répondre à ses appels. Désemparé et profondément blessé par cet abandon soudain qu’il ne comprend pas, Tzukuru rentre à Tokyo.
S’ensuit alors des années d’errance, de solitude et de routine pour le jeune Tzukuru. Il vit sans vraiment vivre pleinement. C’est sa rencontre avec l’intelligente Sara qui le poussera à aller à la rencontre de ses anciens amis (et accessoirement ses vieux démons), afin d’affronter la vérité et les raisons de leur rejet. Ce voyage le mènera au Japon et en Finlande mais surtout au bout de lui-même ; là où se mêle la peur de l’inconnu, la découverte de soi mais aussi la nécessité de vérité.
Ce récit est touchant, sombre mais aussi coloré. On s’attache beaucoup à cet homme ordinaire qui recherche sa singularité et sa place dans le monde. On l’accompagne avec plaisir dans ses pérégrinations et ses réflexions sur lui-même. Encore une fois, Murakami nous plonge dans un univers dansant qui pousse le lecteur à réfléchir sur la vie.
L’auteur ne perd rien de sa finesse d’écriture, de sa justesse et de son style. Tous ces éléments font de cette œuvre une petite perle. La philosophie est belle et le message est grand. On en retient d’ailleurs ce leitmotiv : tout le monde est différent, chacun est particulier : être soi à travers le regard des autres.
L’incolore de Haruki Murakami – Belfond – Septembre 2014
© Photographie à la une – Masashi Wakui