Confession d’un masque x Yukio Mishima
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Yukio Mishima, l’un des plus grands écrivains japonais du XXème siècle, signe avec Confession d’un masque, une œuvre introspective et puissante. Souvent qualifié d’autobiographique par la critique, ce roman intimiste est à l’image de l’auteur : mystérieux, torturé et flamboyant.
Difficile de parler de ce livre sans aborder l’histoire de son auteur. Né en janvier 1925 au Japon, Yukio Mishima, a voué à son corps un culte qui le fit devenir un expert en arts martiaux et notamment en Kendo. Homosexuel dans un japon conformiste, il oscillera toute sa vie entre rejet public et acceptation littéraire de ses préférences amoureuses. Il se donnera la mort par Seppuku après avoir laissé dans son sillon, une centaine d’écrits en tous genres.
A 24 ans, Yukio se raconte au travers de Kochan, en proie à des envies interdites, contraires aux normes sociales véhiculées dans les années 40-50. De son enfance au début de l’âge adulte, le narrateur nous livre une confession amère et sincère, dévoilant son impossible quête de « normalité ». Une introspection parfaite, dissection des sentiments profonds d’un jeune garçon qui tente de vivre avec des pensées jugées impures dans un Japon en guerre.
« Pour ma part, je me trompais certainement. En réalité, les autres garçons n’éprouvaient pas, comme moi, le besoin de se comprendre eux-mêmes, ils pouvaient être naturels, alors qu’il me fallait jouer un rôle, ce qui exigeait un discernement et une attention considérables. »
S’imposant de tomber amoureux d’une jeune femme dont il fera la rencontre lors de ses années étudiantes, essayant de trouver sa place dans une société qui condamne l’homosexualité et ou l’honneur est érigé au rang de totem, le personnage de cette histoire est tantôt touchant tantôt déroutant. On le voit grandir et comprendre, se connaître et apprendre.
« J’avais décidé que je pouvais aimer une jeune fille sans éprouver le moindre désir. C’était là sans doute l’entreprise la plus téméraire qu’on eût vue depuis le début de l’histoire de l’humanité. Sans m’en rendre compte, je visais à devenir – pardonnez-moi je vous prie, mon penchant pour l’hyperbole – un Copernic de la théorie de l’amour. »
Dans cette mise à nue totale et ce plaidoyer pour l’acceptation de la différence, Yukio nous livre l’une de ces premières œuvres. Un tel talent dans le maniement des mots et la capacité à se raconter m’ont donné très envie de découvrir le reste de l’œuvre de cet auteur prolifique.
Confession d’un masque – Editions Folio Poche – 1949