🌟🌟🌟🌟🌟

Au delà d’un roman sombre et dramatique relatant la situation précaire des migrants qui tentent, au péril de leur vie, de traverser le Mexique pour passer la frontière américaine, « American Dirt » de Jeannine Cummins, est un roman initiatique ponctué d’espoir, d’humanité et d’amour.

Lydia, curieuse trentenaire, libraire dans le centre ville d’Acapulco et maman d’un jeune Luca, est marié à un journaliste polémique qui expose médiatiquement les cartels, de plus en plus nombreux et virulents dans la région. 

Mais alors que la paisible famille tente de continuer à vivre normalement dans un pays marqué par une violence galopante, il n’aura fallu que d’un instant pour que leur vie bascule. Une fuite en avant pour survivre, un chemin effrayant et parsemé d’embuches, une aventure qui les marqueront à tout jamais…

« Quand ils passent devant une cour d’école où des enfants jouent au foot, Luca prend conscience qu’on est jeudi, qu’il devrait être à l’école à Acapulco, que Papi devrait venir le chercher à la sortie, parce que le jeudi c’est le jour où Papi vient le chercher…»

En plein débat médiatique, ce livre, écrit par une américaine a beaucoup fait parler de lui. Décrié par certains pour son côté « simpliste » en ce qui concerne sa description de la crise migratoire, j’ai pour ma part, beaucoup aimé ce roman et ne lui reconnait en aucun cas une volonté d’en faire une oeuvre documentaire. Au contraire, proche des mécanismes du roman d’aventure sans en faire une épopée rocambolesque et irréaliste, j’ai été complètement absorbée par l’histoire.

Alors bien entendu, la recherche est indéniable; à travers la Bestia – le train de marchandises qui sillonne le pays portant des centaines de migrants sur son dos – ou encore les descriptions des villes. Mais c’est dans la richesse des personnalités que l’autrice excelle. De fait, j’ai éprouvé un attachement particulier pour certains personnages de ce roman; que ce soit pour les soeurs d’Amérique centrale, les deux protagonistes principaux ou encore le gamin de Tijuana. 

Le deuil ainsi que le déracinement sont également des thématiques fortes traitées dans ce roman et sont au coeur de la construction du récit, comme un fil rouge qui donne corps aux personnages et de la puissance au récit.

Un roman à deux voix saisissant et qui me marquera pour longtemps. Il mérite amplement sa comparaison au célèbre « Les Raisins de la colère » d’un autre temps, que j’avais également adoré. Une belle plume au service d’une noble cause.

American Dirt – Editions 10/18 – 2018