Veiller sur elle x Jean-Baptiste Andrea

Veiller sur elle x Jean-Baptiste Andrea

Jean-Baptiste Andrea continue de s’imposer comme une voix singulière de la littérature contemporaine française avec son dernier roman, Veiller sur elle. Ce livre, récompensé du Prix Goncourt 2023, est à la fois une fresque poétique et un hommage au pouvoir de l’amour et de la création artistique. Un succès littéraire qui mérite son titre. 

L’histoire se déroule au XXe siècle, dans un petit village italien. Michelangelo Vitaliani alias Mimo, un jeune garçon francese, est envoyé chez son Zio, sculpteur de profession et alcoolique notoire. C’est dans ce coin pommé, loin de tout ce qu’il connait, que le petit Mimo fait la rencontre de la mystérieuse et envoutante Viola Orsini, fille de marquis et ourse à ses heures perdues. Alors que rien ne les prédestinaient à se fréquenter, une relation nait entre ces deux enfants que tout oppose sur le papier. Débute l’aventure d’une vie, où se mélange les rêves et la, parfois, dure réalité du chemin emprunté. 

Alors que j’ai éprouvé certaines difficultés à rentrer dans l’histoire; et notamment car j’ai eu le sentiment que cette dernière prenait des détours non nécessaires au début du roman, j’ai finalement réussi à me laisser surprendre, me faisant embarquer par le témoignage de vie de notre personnage principal. Mimo est complexe, ce qui le rend attachant. Il est un mélange d’obscurité et de lumière; tout en nuances. Un jeune garçon qui devient homme sous les yeux du lecteur et qui découvre sa passion pour la sculpture. De plus, sa relation avec Viola est profonde et surprenante, loin des clichés littéraires que nous avons l’habitude de lire. J’ai suivi avec attention son évolution et me suis véritablement passionnée pour son dénouement. 

« J’avais eu le malheur de dire « il y a du vent ». Viola m’avait donné un coup dans l’épaule, exaspérée.

Les mots ont un sens, Mimo. Nommer, c’est comprendre. « Il y a du vent », ça ne veut rien dire. Est-ce un vent qui tue ? Un vent qui ensemence ? Un vent qui gèle les plants sur pied ou les réchauffe ? Et quel genre de députée ferais-je si les mots n’avaient pas de sens ? Je ne serais pas différente des autres. 

Si Veiller sur elle peut se lire comme une célébration de l’art et de l’amour, il ne s’agit pas pour autant d’une œuvre légère. Au contraire, l’auteur installe une mélancolie sourde tout au long du récit. Le temps qui passe, les désillusions, et la lutte entre la passion et la réalité humaine pèsent sur les personnages et les transforment. Mais change-t-on jamais vraiment? 

Ainsi, à l’aide de sa fresque humaine aussi diverse que foisonnante, Jean-Baptise Andrea, nous emporte dans un monde changeant, à travers plusieurs récits initiatiques qui s’entremêlent. Le style est fluide, accessible et les dialogues bien construits. La forme sert admirablement la forme. 

J’ai éprouvé une vive émotion à la clôture de ce récit. Veiller sur elle est un roman doux et amer qui a, certes mis quelques chapitres pour m’emporter avec lui, mais qui m’a finalement profondément touché. L’auteur livre une œuvre qui, tout en célébrant la beauté de l’art et de l’amour, n’élude jamais la complexité des émotions humaines ainsi que leur fragilité. C’est ce qui le rend à mon sens si singulier. 

Veiller sur elle – L’iconoclaste – 2023

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