Paradis Perdus x Eric-Emmanuel Schmitt

Paradis Perdus x Eric-Emmanuel Schmitt

Paradis Perdus est le premier volet de la saga intitulée La Traversée des Temps, un ambitieux projet littéraire d’Éric-Emmanuel Schmitt. Alors que les autres tomes sont encore à paraître, le premier opus m’a fait la sensation d’une claque. Je ne m’attendais à rien de particulier en démarrant la lecture de ce roman mais ne suis pas déçue du voyage. C’est peut-être cela qui a rendue l’expérience littéraire plus belle encore.

Ce roman nous plonge dans la préhistoire, aux origines de l’humanité, en suivant Noam, un homme devenu immortel; qui raconte ses premiers pas dans la vie avec son clan en tant que fils du chef du village.

Paradis Perdus est un roman épique et poétique, où Éric-Emmanuel Schmitt explore des thèmes universels comme la perte, l’immortalité, et le sens de la vie. L’auteur, reconnu pour sa capacité à rendre accessibles des réflexions philosophiques profondes, livre ici une œuvre riche en symboles et en émotions. Le parallèle entre l’histoire – en l’occurrence la préhistoire – et les temps modernes est également d’une richesse folle. On se demande comment l’auteur a fait pour y insérer autant de détails visant à étayer et crédibiliser le récit. Un travail de fourmis !

Ainsi, on comprend qu’il ait pu mettre des années avant de proposer cette œuvre au grand public. En effet, on sort du roman historique ou philosophique classique pour en faire quelque chose d’autre. L’auteur réussit le tour de force de rendre son récit attrayant, si ce n’est palpitant. A la manière d’un Ken Follet mais avec une casquette de philosophe, l’auteur donne toutes les clés au lecteur; lui permettant de découvrir cette œuvre avec aisance tout en se questionnant sur l’humanité.

De plus, le personnage de Noam, avec son regard d’immortel, offre une perspective unique sur l’histoire. L’auteur utilise ce point de vue pour questionner notre relation au temps, à la mémoire, et à la souffrance. La notion de paradis perdu est déclinée de plusieurs manières, tantôt comme un lieu concret, tantôt comme un état d’innocence perdu, ce qui renforce la profondeur du récit.

« – Je suis le chef. Je fais ce qui vaut pour un chef.

– Tu es mon père aussi.

– Oui.

– Mais tu préfères être un chef ? […]

– Oui. […]

– Aujourd’hui, le chef a tué le père. »

De manière générale, le style est fluide, le récit foisonnant et les personnages sont d’une profondeur qui contribuent avec succès au déroulement du roman. On réfléchit sans se prendre la tête à toutes les pages.

Éric-Emmanuel Schmitt réussit à tisser une histoire qui résonne avec les préoccupations contemporaines tout en s’inscrivant dans un cadre mythique et intemporel. Ce premier tome ouvre une saga qui s’annonce monumentale, et qui promet de nous faire voyager à travers les âges tout en nous interrogeant sur la nature même de l’existence. A voir si la suite tient toutes ses promesses et si je vais continuer à m’intéresser à tous les âges avec la même ferveur que la préhistoire; période qui m’intéresse peut-être plus particulièrement et marque la jeunesse de Noam et sa découverte naïve du monde.

Paradis perdus – Le livre de poche – 2021

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