Norferville x Franck Thilliez

Norferville x Franck Thilliez

🌟🌟🌟🌟

Quoi de plus logique de démarrer la lecture de « Norferville » de Franck Thilliez en été me direz vous? En tous cas, on peut compter sur l’un de nos maîtres français du suspense pour souffler un vent de fraicheur, tout droit venu des contrées lointaines du Grand Nord québécois, sur ces chaleurs estivales. Un nouveau polar captivant qui fera voyager son lecteur, entre la France et le Canada, à travers une enquête diaboliquement délicieuse.

Un meurtre horrible au fin fond d’une petite ville minière isolée de tout ? Le viol de deux jeunes femmes au milieu de la nuit et des étendues glacées ? Des conflits entre les « premières nations » et les exploitants de la mine venus s’installer sur les terres sacrées des innus? C’est dans ce contexte tendu que deux enquêteurs, liés par la peine, vont devoir s’entraider afin de trouver une explication au mal qui sévit dans la région.

La recette est efficace. Le style de l’auteur est d’une fluidité absolue et le récit trouve son chemin facilement. On passe d’un personnage à l’autre avec plaisir, le lecteur découvrant le passé de nos principaux protagonistes au fil des pages.

J’ai été surprise de constater avec quelle facilité je suis rentrée dans l’histoire. Il est souvent si difficile de se renouveller dans le domaine du thriller. Pourtant, l’écrivain réussit, grâce à un décor atypique et à une toile de fond qui fait mouche, à nous lier particulièrement aux personnages, même secondaires. On se sent véritablement impliqué dans leurs destinés; en oubliant parfois même le côté complétement sordide du récit.

Le gros atout de cette oeuvre, et qui la distingue des autres du genre, réside dans la mise en avant des relations entre communautés – autoctones vs colons. Même si la ville est fictive, l’histoire de ces peuples souvent oubliée fait partie du devoir de mémoire et rend le récit authentique et touchant.

– Vous savez, il y a un mot qui n’existe pas en innu. Un mot intraduisible.
-« colonie »?
-« Liberté ». C’était un concept qui n’avait pas lieu d’être chez ce peuple. Mes ancêtres ont toujours vécu dans un espace sans clôture, sans frontières. Ils ne parquaient pas les bêtes dans des enclos.

Ainsi, au delà de l’enquête, on découvre tout un monde qui fourmille d’informations et d’une culture forte. Et c’est ça qui rend l’histoire si riche à mon sens et qui donne corps à l’enquête. Bon, évidemment, cette dernière est maîtrisée, pleine de rebondissements et de surprises. Finalement, le combo des deux fonctionne super bien. Je recommande vivement !

Norferville – Fleuve noir – 2024

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